THEOLOGIE CATHOLIQUE.16 fiches gratuites à télécharger. l'essentiel de la THEOLOGIE DOGMATIQUE



   H e r m é n e u t i q u e
                        T h é o l o g i q u e

                 

       Thèse 4 - Qu'est-ce qu'un dogme ?    

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     Qu’est-ce qu’un dogme ? du grec dokein (paraître, sembler vrai), le terme désigne une opinion avertie, une doctrine. Il prend une connotation juridique dans le Nouveau Testament (décrets…). Thomas d’Aquin le définit comme une fragmentation de la Vérité unique, fragmentation nécessaire à l’intellect humain pour saisir le Mystère de Dieu. La CTI (1990) le définit comme une doctrine dans laquelle l’Eglise propose de façon définitive une vérité révélée. Il est donc la vérité éternelle de Dieu qui se révèle, mais exprimée dans le langage temporel des hommes. Le dogme traduit par là cette capacité du langage humain à dire Dieu, à exprimer son Mystère transcendant. Cependant l’expression dogmatique purifie le langage pour le rendre apte à cette fonction transcendante.
     Le problème est que le langage continue également sa vie propre (d’où un conditionnement historique des expressions dogmatiques), et donc le dogme appelle un travail d’interprétation, d’herméneutique, au fil des siècles…

     En quoi consiste le conditionnement historique des dogmes ? Le langage évolue. De même la connaissance humaine. De même le contexte culturel, théologique (hérésies…), philosophique… Le dogme est donc soumis à cette triple historicité.
     Par ailleurs, Dieu ne se laisse pas enserrer dans une formule, si parfaite soit-elle. « Si comprehendis, non est Deus » disait Augustin.
     Cependant, ce qui est énoncé de Dieu peut quand même être vrai, exempt d’erreur, même si c’est bien évidemment incomplet.

      En quoi consiste alors le « progrès » du dogme ? Il ne correspond pas à une augmentation (quantitative) de la foi : le développement des dogmes n’est pas « une augmentation de la connaissance intellectuelle ». Il n’est pas le fruit d’une déduction logique : pas de développement selon un mode hypothético-déductif, comme pour un système. La foi que nous professons est substantiellement celle des apôtres.
      Mais les dogmes sont obtenus par abstraction à partir du Mystère révélé, fractionné (en dogmes) pour être appréhendable par l’intelligence humaine. Le développement du dogme consiste bien en effet à fractionner à l’usage de l’intelligence un tout déjà complet en lui-même (le Dépôt révélé), si bien que la foi n’augmente pas, l’explicite étant déjà contenu dans l’implicite. Ce progrès de l’expression dogmatique est celui d’une explicitation de ce qui est déjà implicitement contenu dans la Révélation originelle.
      Historiquement, telle époque ou culture voit naitre telle ou telle problématique ou opinion (ex : le relativisme), qui appellent alors une nouvelle explicitation du message de l’Evangile. Le dogme vient répondre à ces situations très concrètes, historiques, sociales, ecclésiales, culturelles, philosophiques… hérésies parfois qui menacent d’une façon ou d’une autre l’intégrité du Mystère Révélé. Il répond en fragmentant pour l’intelligence cette totalité du Mystère, en extrayant une réponse particulière – une explicitation - adaptée à la problématique contextuelle. Le dogme est donc comme une réponse à une menace d’hérésie, qui enfermerait le Mystère Révélé. Loin de le clore ou de le figer dans une formule, il garde donc ouverte la plénitude du Mystère révélé. C’est l’hérésie au contraire, qui voudrait toujours réduire le Mystère Révélé à la dimension de notre compréhension, et qui dès lors, le clot, l’enferme, le dénature, le limite dans l’impasse de notre appréhension intellectuelle, et lui ferme tout horizon transcendant.

      La force motrice de ce progrès est l’Esprit Saint, qui nous introduit dans la vérité toute entière (Jn 16,13), tel qu’il parle à travers le Magistère de l’Eglise, appuyé sur le sensus fidei.

      Le dogme appelle donc une interprétation, une herméneutique. Selon quels principes ? Cette herméneutique doit respecter une triple fidélité
             - vis-à-vis du passé : le dogme est anamnèse, verbum rememorativum
             - vis-à-vis du présent : le dogme est vivant, actuel, et doit parler à l’homme d’aujourd’hui, verbum demonstrativum
             - vis-à-vis du futur : le dogme témoigne de la réalité eschatologique, verbum prognosticum

 

  Bibliographie essentielle :

- « L’interprétation des dogmes »     (CTI, 1990)
-  Mysterium Ecclesiae      (CDF, 1973)

  Bibliographie annexe :

- « Donum Veritatis, instruction sur la vocation ecclésiale du théologien » (Congrég. pour la Doctrine de la Foi, 1990)
Dei Verbum       (Vatican II, Paul VI, Constitution dogmatique, 1965)
- Lumen Gentium      (Vatican II, Paul VI, Constitution dogmatique, 1964)
- Pastor Aeternus      (Vatican I, Pie IX, Constitution dogmatique, 1870)
- «  Magistère et Théologie »     (Commission Théologique Internationale, 1976)
- « Le Sensus Fidei dans la vie de l’Eglise »    (Commission Théologique Internationale, 2014)