Thèse
11 – L’Eucharistie
« Par
l’action de l’ES dans l’anamnèse et l’Epiclèse… »
La thèse offre une triple vision : ecclésiologique,
liturgique et trinitaire.
> ecclésiologique :
nous ne devons pas séparer le traité sur les sacrements de
celui sur l’ecclésiologie. L’Eglise, la Communauté doit
transmettre visiblement et tangiblement dans l’histoire le salut, spécialement
par la Parole, mais pas seulement. Egalement par les sacrements, ancrés
dans les gestes prophétiques posés par Jésus même.
Ces gestes, il les a posés pour que l’Eglise communique son
salut (il aurait pu en poser d’autre, ou faire autrement). Ces gestes
font l’Eglise : nous défendons ici une ecclésiologie dynamique :
l’Eglise se construit peu à peu à chaque fois qu’elle
célèbre un sacrement (Baptême, Conf°, Ordination,
Eucharistie…), et devient elle-même. Dans l’Eucharistie,
le Christ même se rend présent, et s’unit aux croyants.
> liturgique : les mentions
pneumatologiques à l’anamnèse et à l’épiclèse souligne
le caractère collectif du sacrement :
1.
anamnèse : nous nous rappelons de ce que le Christ a fait (dans
son M P mais aussi toute sa vie…) particulièrement pour les pauvres,
les petits…
2. épiclèse :
le mystère passé devient actuel, car le Christ se rend présent…
> trinitaire : les 3 personnes
sont présentes dans l’Eucharistie. C’est la venue de l’ES
qui transforme le pain et le vin. La prière est toujours orientée
vers le Père (« Père, envoie ton Esprit… »).
Enfin, le Christ est présent non seulement dans le pain et le vin,
mais aussi dans sa donation totale au Père.
« … le
Christ par son offrande unique au Père se rend présent
et s’unit aux siens dans les éléments transsubstantiés
de son corps et de son sang glorieux… »
Comment le Christ se rend-il présent au
monde ? à travers la transsubstantiation du pain et du vin, qui
sont des réalités de notre vie quotidienne, et que nous pouvons
manger, assimiler. Ils sont son corps et sang glorieux, et cet accent sur la
gloire nuance l’accent longtemps mis sur la Croix, et le sacrifice. Ce
fut toujours le Christ glorieux qui fut célébré eucharistiquement
(puisque l’Eucharistie fut célébrée après la
Résurrection).
« ...il
partage avec eux un banquet de communion fraternelle... »
L’Eucharistie, banquet commun autours du
Christ, crée une communion fraternelle. La Res tantum est
l’unité de l’Eglise.
« …stimule à l’amour
social pour les plus pauvres… »
Le Christ est souvent au contact des foules affamées.
Ce point est très important : si le Christ s’offre à nous,
c’est pour que nous aussi, nous puissions nous offrir aux plus nécessiteux. De
l’Eucharistie nait la Diaconie. Ce fut toujours le cas dans l’Eglise,
depuis le début. Ainsi les ch. 11 à 13 de la 1 Co soulignent ce
lien entre l’Eucharistie, le Service des pauvres, la Charité. La
pauvreté à laquelle est lié le banquet eucharistique est également
celle du péché : le Christ s’assied à la table des
pécheurs.
« …et
leur offre un avant-gout du banquet céleste. »
Les Pères parlent de l’Eucharistie
comme « hors d’œuvre, avant gout … » du banquet
messianique. Lc 22,28-30 : « "Vous êtes, vous, ceux qui êtes
demeurés constamment avec moi dans mes épreuves; et moi je dispose
pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi: vous
mangerez et boirez à ma table en mon Royaume, et vous siégerez
sur des trônes pour juger les douze tribus d'Israël».
Thomas d’Aquin rappelle ces 3 aspects de
chaque sacrement : un aspect commémoratif (faisant mémoire
de la Passion du Christ, qu’elle rend présente) ; un aspect démonstratif (mangeant
son corps et buvant son sang, nous recevons la Vie en nous, et la mission de
Jésus) ; un aspect eschatologique (chaque sct donne un gage de
la Gloire à venir, l’anticipe).
- Mediator Dei (Pie XII, Encyclique, 1947)
- Ecclesia de Eucharistia (Jean Paul II, Encyclique, 2003)